Le tourisme esthétique : rêve et réalité
La chirurgie esthétique n’échappe pas à la mondialisation. Aujourd’hui, les gouvernements de certains pays ont développé ce que l’on nomme le « tourisme esthétique ». Ils ont encouragé les chirurgiens dans ce créneau lucratif affin de ramener des devises dans les caisses du pays. Le tourisme esthétique n’est cependant pas une nouveauté : il est couramment pratiqué par les Américains depuis des décennies, les tarifs des interventions de chirurgie esthétique étant particulièrement prohibitifs aux États-Unis.
Le tourisme esthétique peut s’avérer une technique dangereuse, comme le prouvent les quatre cas d’infections par une mycobactérie atypique rapportés par la Société internationale des maladies infectieuses en mai 2010 chez des femmes qui se sont toutes faites opérer dans une même clinique de la République Dominicaine. En effet, les normes d’hygiène des cliniques des pays d’Amérique centrale et du Sud sont loin d’être les mêmes que celles exigées en Europe et aux États-Unis. Ainsi, les médecins dominicains accusent un taux de mortalité postopératoire d’environ 4%.
Même les pays de l’ex-bloc communiste se lancent dans le tourisme esthétique : selon le Ministère de la Santé roumain, plus de la moitié des cinquante mille étrangers qui se sont rendus en Roumanie en 2003 pour des raisons médicales ont subi une opération de chirurgie esthétique.
Quelques questions à se poser :
- Tous les chirurgiens ont-ils véritablement les compétences reconnues dans le domaine de la chirurgie plastique ?
- Que se passe-t-il si une personne part se faire opérer à l’étranger et que le chirurgien se rend compte que l’acte est déconseillé voire dangereux ?
- Comment peut-on proposer une opération à une personne sans examen préalable et sans lui donner le temps d’y réfléchir ?
- Comment s’assurer que la clinique est conforme sur le plan des procédures d’hygiène et de sécurité ?
- Comment assurer sérieusement les contrôles postopératoires à court, à moyen et à long terme ?
- Les transfusions réalisées sur place sont-elles exemptes de risques ?
- Y a-t-il des structures de lutte contre les maladies nosocomiales dans la clinique ?
- Que se passe-t-il si une personne ne se sent pas bien à son retour en France ?
- A-t-on la possibilité de se retourner en cas de contentieux ?